LES CORVÉES-LES YYS D’HIER

LES CORVÉES – LES YYS

Lorsque nous sommes interrogés sur notre adresse nos nombreux interlocuteurs nous posent la question « D’où vient ce nom ?». Il est vrai que cette dénomination est unique dans notre pays.

Aussi, de nombreux chercheurs ou de simples curieux se sont posés la question et tenté d’y apporter une réponse.
L’auteur de ces lignes ne prétend pas apporter une explication définitive. Comme dit l’adage «Sapiens nihil affirmat quod non probet». L’absence de documents venant d’époques lointaines, mais aussi le foisonnement de notations orthographiques troublent la réflexion.

A la lecture des cartulaires, relevés des possessions seigneuriales et des documents ecclésiastiques, on découvre les noms suivants IS, YS, ISE, ISEA, YSIS, YSEA. Pour essayer d’y voir plus clair, quand ce nom, familier pour nous, a pu faire son apparition, posons-nous la question de son origine. Apparemment pendant l’époque franque… En effet, les deux origines les plus souvent évoquées sont les suivantes :
Première interprétation, la plus répandue serait HIESTRIS ou HEISI ou HIETRICH qui signifie «lieu de broussailles planté de hêtres» en francique, langue des francs saliens qui commençaient à s’implanter en France dès la fin du III ème siècle.

Deuxième interprétation, elle aussi originaire du francique HAIS «lieu bordé de haies» ce qui suppose l’existence d’une propriété délimitée, donc une implantation.
Il semblerait que le nom Yys apparaît pour la première fois dans les cartulaires de NIVELON, seigneur de Courville qui est appelé «Seigneur de Courville de la Gâtine et des Yys». Le nom de ce seigneur est nettement de consonance franque .

Les Corvées, en revanche est plus simple dans son origine. Le terme de corvées désigne les travaux que devaient effectuer les paysans pour leur seigneur. Ce mot n’apparaît qu’à l’époque féodale, soit fin du IXème siècle.
Pour conclure , on peut donc, sans faire d’erreur majeure dire qu’ Yys daterait de la fin du III ème
siècle au minimum.

LA TERRE

Donnée essentielle de la vie de cette commune, sans la comprendre, on n’explique pas son histoire
basée sur son exploitation. Nous sommes à l’extrémité du bassin parisien. A l’ère primaire surgissaient les massifs hercyniens, notamment ceux qui vont conditionner la structure du sol: le massif armoricain et le massif central.
Au secondaire et au tertiaire, l’érosion fait son œuvre sur ces montagnes. Au tertiaire un fleuve immense (la Loire), charriant les débris se déverse dans la mer qui couvre le bassin parisien en entier. Outre les dépôts calcaires qui sont dus aux organismes marins; les alluvions de la Loire, lentement, comblent la mer intérieure qui, petit à petit, s’assèche. A la fin du tertiaire l’Atlantique pénètre dans les terres, probablement jusqu’à Étampes. Cela va encore entraîner des dépôts marins, mais surtout va dévier la Loire qui, dorénavant, coule vers l’ouest et entraîne avec elle toute l’hydrographie de notre région.
La Loire qui prend sa source chez nous en se nourrissant par la suite le long de la cassure, se heurte au plateau de Beauce et part vers l’ouest.
Par tous ces apports successifs d’alluvions et de dépôts marins, la terre ici est grasse et humide en général pleine de silex mais aussi de débris calcaires. Cette glèbe exige un travail soutenu. Certes, les moyens actuels facilitent le travail, mais souvent, le sol ayant un PH élevé a besoin d’être amendé et aussi drainé. Comme nous le verrons par la suite, dans les temps anciens les habitants l’avaient compris.

L’HISTOIRE CADRE GÉNÉRAL

C’est à grands traits que nous allons tenter de reconstituer l’épopée de notre village. Avant l’arrivée des Celtes, le territoire est déjà peuplé par une population d’origine inconnue mais qui avoisine, déjà un million d’habitants. Certains sont déjà sédentaires.
En effet, dès le néolithique, une partie de la Beauce est cultivée. La plupart des chemins sont déjà
tracés par cette population en quête de nourriture et d’eau. Notre village possédait sur un lieu-dit « le gros caillou » ou «la grosse pierre» c’est-à-dire un petit ensemble mégalithique, une pierre levée entourée de trois pierres plus petites près de Nonvilliers. Cette présence est encore attestée au XIXème siècle. Depuis, elle a disparu.
Comme ce nom existe, on peut donc se poser la question « est ce que ce petit ensemble faisait partie d’un ensemble plus vaste ?». Si la réponse était positive, alors il y aurait eu une présence humaine sur notre sol entre le Vème et IIIème millénaire soit à l’âge de la création de Carnac en Bretagne, par exemple.
Deuxième indice d’ancienneté, M. Bellanger a rencontré, il y a quelques années une personne qui
recherchait des « tumulus ». Cette personne lui a fait voir quelque chose qui semblerait en être un, près du bois qui jouxte la dernière maison des Corvées sur la route des Yys. Si c’est le cas, les tumulus ne sont apparus qu’à l’âge du bronze, soit à la fin du IIIème millénaire, à l’époque où les sépultures deviennent individuelles.

ARRIVÉE DES CELTES

Ceux-ci arrivent par vagues successives de 1500 avant JC jusqu’à 1000. Ces peuples viennent des
bords du Rhin, du Danube et de l’est de la Belgique.
Au plan histoire générale, nous sommes à l’âge du fer. Les gaulois apportent le travail du métal, leur art de la construction en bois et surtout leurs techniques de culture. Ils pratiquent l’apport d’engrais pour amender la terre. L’engrais blanc est fait de calcaire broyé et l’engrais vert est fait de végétaux en décomposition.
Ils tracent des routes et modifient les anciens chemins néolithiques. Les chemins les plus fréquentés sont empierrés. Les productions agricoles sont considérables et sont exportées jusqu’en Italie où nos ancêtres achètent du vin dont ils font une énorme consommation. En effet, les sites gaulois regorgent d’amphores italiennes notamment.
Les Celtes sont regroupés en tribus, souvent rivales mais qui contrôlaient des territoires relativement définis. Chez nous règnent les Carnutes dont les deux villes sont Cenabum actuellement Orléans et Chartres. Ces villes, notamment Chartres sont appelées des Oppidums. Elles sont situées en hauteur et fortifiées.
Le paysage de la Gaule, à cette époque, déjà, est assez semblable au nôtre.
Deux caractéristiques essentielles:
La Beauce ou «Pays blanc» est une région de grandes cultures céréalières avec un habitat assez groupé pour préserver la surface cultivable. A propos du nom Beauce, l’auteur de ces lignes ne résiste pas à donner l’explication de Rabelais dans son Gargantua: «Gargantua se promenait sur son cheval en traversant une forêt. L’animal remua la queue et les arbres tombèrent. Gargantua s’exclama «Qu’il est beau ce pays»».
Le Perche ou «pays vert » se situe le long du Loir et de ses affluents, pays de culture et d’élevage où l’habitat est certes groupé en petites agglomérations mais aussi en fermes isolées.

LA CONQUÊTE ROMAINE

Les Romains connaissaient les Gaulois depuis très longtemps et ils les craignaient aussi.
Nous avons tous appris cet épisode : la défaite de Rome devant les gaulois. Brennus chef gaulois
assiégea Rome, qui ne fut pas détruite, grâce, selon la légende, aux «oies du capitole». Mais le général gaulois les humilia, les faisant passer sous les fourches caudines et prononça cette phrase «vae victis», malheur aux vaincus.
Un tel événement avait traumatisé les Romains qui ruminaient leur vengeance. Seulement il fallait
trouver une occasion. Cela se présenta enfin vers -60 avant JC.
L’exode des Helvètes, les Suisses actuellement, 350 000 helvètes décidèrent de migrer pour
s’installer sur la terre aquitaine. Ils menaçaient directement la Gaule Narbonnaise déjà colonisée par Rome.
César décida d’intervenir pour deux raisons: pour défendre la Narbonnaise mais aussi pour assurer sa propre gloire et renter dans Rome en vainqueur.
Les Helvètes furent écrasés. 120 000 seulement rentrèrent chez eux, un massacre effroyable. C’est
fort de ce succès que le consul de Rome entreprit la conquête de notre pays.
Tout le monde connaît la suite mais ce que l’on oublie souvent de dire c’est que cette conquête fut
facilitée par deux choses.
Premièrement : les défections gauloises, les tribus se rallièrent assez facilement. Deuxièmement : par la facilité de déplacement. En effet, comme nous l’avons vu plus haut, les gaulois avaient pour l’époque, un remarquable réseau routier.

LA ROMANISATION

Pour les Romains, nous sommes des barbares. Ce mot a d’abord une signification, en quelque sorte, phonétique. Les Gaulois prononçaient mal le latin «bar bere».
A titre d’exemple la façon, dont au XVIIIème et XIXème siècles on disait des bretons qu’il
«baragouinaient» le baragouin.
Deuxième raison, nous n’avons pas de civilisation au sens romain du terme. Le mot civilisation,
vient de «civitas», la ville où se trouve le pouvoir: civil, religieux et militaire. Le reste du territoire est qualifié de «pagus incertum», lieu certes connu mais dont la vie est gérée par la ville, par la cité.
L’œuvre de Rome est donc de créer des cités, reliées entre elles par des voies pavées et chacune de
ces cités applique les mêmes droits, obéit aux mêmes devoirs vis à vis de «l’urbs» la ville par excellence, Rome.
Les deux villes gauloises Chartres et Orléans deviennent des cités romaines. Notre campagne
s’organise. Apparaissent des «villae» grandes exploitations agricoles, à base gauloise, bien sûr. Autour de la villa du propriétaire se dressent les maisons des employés et les bâtiments d’exploitation. Ce nom «villae» donnera le nom village plus tard.
Il existe de très nombreux exemples, où, dans le nom actuel d’une ville, le suffixe «villa» vient d’une ancienne implantation de l’époque romaine.
Si vous êtes intéressés par cette période, visitez le musée d’archéologie et aussi intéressez-vous aux fouilles actuellement en cours dans le quartier St Brice de Chartres.
Toute l’élite gauloise se romanise, le latin devient la langue officielle pendant que subsistent les
différents parlers gaulois qui finiront par disparaître.
Les dieux gaulois se romanisent exemple Teutatis le dieu de la force et de la guerre devient Jupiter etc…
Les romains apportent la paix et aussi favorisent les échanges.

LA TRANSITION

Malheureusement vers la fin du IIème siècle, les luttes pour le pouvoir, à Rome, provoquent une
catastrophe en Gaule. Un général romain, d’origine gauloise, Vindiorix, Vindex déclenche une rébellion prenant parti pour Galba contre Néron. Notre région s’embrase. Les destructions causées par cette révolte ruinèrent les paysans qui se soulevèrent. On nomme ces soulèvements «les Bagaudes». Elles seront durement réprimées.
La tranquillité revient doucement mais d’autres malheurs nous attendent.

LES INVASIONS BARBARES

Si pour l’ensemble de la France elles se produisirent au Vème siècle, pour notre région ce fut la fin du IIIème siècle qui fut plus terrible comme nous l’avons vu avec Vindex.
Les envahisseurs s’implantent surtout à l’est et vers le sud avant de gagner l’Espagne et l’Afrique du Nord. Les Francs prennent le contrôle du centre du pays, notre région, toute la côte aquitaine, puis descendent progressivement vers le sud.
Certes, il y eut pillages, exactions de toutes sortes et des prises de possession de terres. Mais assez vite les nouveaux arrivants s’entendirent avec la population gallo-romaine.
En effet, la Gaule romaine compte 12 000 000 d’habitants et les envahisseurs 100 000 tout au plus. Ils vont donc exercer le pouvoir en s’appuyant sur la structure sociale existante et l’élite gallo-romaine.

L’ÉPOQUE FRANQUE

A Tolbiac, Clovis ayant gagné la bataille contre les autres peuples germains, prêts à envahir la Gaule, se convertit au catholicisme, religion la plus répandue et surtout celle de l’élite gallo-romaine.
La faiblesse de l’empire romain a fait des évêques, le seul pouvoir capable de faire face aux malheurs de la population. Le choix de Clovis est capital. En effet, la Germanie est en pleine désorganisation sa structure est encore celle de la Gaule livrée aux conflits perpétuels. Ses langues sont diverses, les échanges peu développés.
L’Espagne, qui avec les Wisigoths doit combattre les Maures, a, en partie adopté l’arianisme.
Clovis est donc à la tête d’un pays suffisamment uni avec une langue, une religion qui peu à peu s’affirme, un réseau routier remarquable et une élite cultivée. On peut donc penser que son option est à la fois politique et religieuse. Il réunit en 511 un concile à Orléans où se trouvent majoritairement tous les évêques de l’ouest. Il s’assure donc de leur concours. Comme il avait réussi à préserver l’unité de la Gaule, il est donc de fait reconnu en Italie et dans l’empire romain d’Orient, dont la capitale est Constantinople. Il reçut de l’empereur Justinien Ier, le titre et les insignes de Patrice.
Chez nous, on constate cette présence franque dans le nom de certains lieux, pourquoi pas d’ailleurs, comme expliqué plus haut, par le nom du village Yys. Mais aussi Châteauroux, qui sera expliqué plus loin et aussi le seigneur de Courville Nivelon nom d’origine franque.

LA CHRISTIANISATION

On comprend mieux le choix fondamental de Clovis en regardant l’expansion du christianisme en Gaule. Venant de Rome, la nouvelle religion se répand dans la Gaule Narbonnaise déjà romanisée puis remonte la vallée du Rhône et gagne le reste du pays progressivement, malgré les persécutions sanglantes, notamment à Lyon, sous Dioclétien.
Dans notre région cela débute avec St Martin, un soldat romain né en Pannonie dans les Balkans. Il se convertit à Amiens et évangélisa l’Ouest de la France essentiellement dans le monde rural. Au IV ème siècle, il devint évêque de Tours et fonda des monastères comme Ligugé.
Mais à la suite de St Martin, c’est pour notre village qu’un évêque de Chartres doit être évoqué, à savoir St Lubin. De très nombreuses paroisses l’ont comme saint patron et ici même aux Yys, il y eut une chapelle en son honneur et même une petite seigneurie au XI ème siècle dont il reste une trace dans la ferme St Lubin.

L’ÉPOQUE CAROLINGIENNE

L’époque mérovingienne, première dynastie franque, finit dans le désordre, tout le monde connaît « Les rois fainéants ». Les maires du palais prennent progressivement le pouvoir. Le pays est divisé en plusieurs royaumes qui se combattent. Évidemment encore une fois, il y a pillages et exactions. Un homme, Pépin le Bref va mettre un terme à cette situation en établissant la paix et l’unité. Il se rapproche comme Clovis de l’église et il oblige les Lombards du royaume de Milan à donner au pape un territoire. Voilà le départ des États Pontificaux qui dureront jusqu’en 1870.

A la mort de Pépin le Bref lui succéda Charlemagne. On peut légitimement parler de renaissance avec ce souverain. L’art, la culture intellectuelle et l’administration prennent leur essor. La langue évolue, du latin on passe progressivement à la langue romane ancêtre direct du français. L’écriture prend des caractéristiques pratiquement actuelles.
Malheureusement ce développement de la culture, au sens actuel du mot ne touche que l’élite des villes et des très grandes abbayes fondées à cette époque. Pour notre village, l’effet est quasi inexistant.
Pour administrer l’empire, Charlemagne crée les Comtes, titre originaire du bas empire romain qui signifiait « compagnon » et les marquis, gardiens des marches de l’empire. Ces titres deviendront plus tard héréditaires, exemple à Nogent-le-Rotrou. Il s’agit des titres nobiliaires les plus anciens.

LA FÉODALITÉ

Selon la coutume franque, l’Empire de Charlemagne est divisé entre ses fils. Notre région reste englobée dans ce que l’on appelle la «Francia occidentalis» et jamais plus elle ne connaîtra de découpe ultérieure. Comme pour le passage entre les Mérovingiens et les Carolingiens, le passage aux Capétiens s’opère par Hugues le Grand-duc des Francs, comte de Paris, auquel lui succéda Hugues Capet et son fils Robert qu’il fera couronner, de son vivant,. Ainsi se met en place la dynastie capétienne qui régna de 987 à 1792, puis de 1814 à 1830.

Pour notre village la période qui commence à partir du IX ème siècle est importante on va voir des changements qui vont conditionner la vie jusqu’en 1793. La société entière s’organise progressivement en 3 ordres : le clergé, la noblesse et le tiers état.
Le clergé progressivement se féodalise. La hiérarchie ecclésiale se précise et des titres apparaissent on dira par exemple « a Grandeur l’Évêque de Chartres ». L’église est propriétaire de biens immenses, perçoit la « Dîme », le dixième d’une récolte. Elle gouverne la vie sociale des campagnes et des villes. Elle possède ses tribunaux. Mais aussi, elle fonde des œuvres caritatives très importantes. Elle s’occupe des malades grâce aux ordres religieux pensez à l’Hôtel Dieu à Chartres. Elle dirige l’enseignement profane. Souvent les « écolâtres » des campagnes sont issus des abbayes. Dans les villes, des collèges s’ouvriront ultérieurement. Elle sera à l’origine de la création des universités à Paris notamment. Pensez à St Albert le Grand et à St Thomas d’Aquin, nous sommes là au XII-XIIIème siècle ou plus près de nous, l’évêque Fulbert de Chartres, fondateur d’une école philosophique et religieuse qui connaîtra un renom européen.
Les abbayes se développent. Chez nous, à Thiron, il y a la fondation de l’abbaye au XII ème siècle par St Bernard de Thiron qui reçut de Rotrou III « dit Le Grand »; un territoire dans la foret qui couvrait une bonne partie du Perche Est.
Cette abbaye connut un développement extraordinaire et attira un grand nombre d’habitants de notre région. Bernard de Thiron dut à l’époque, distinguer, dans cette affluence ceux qui avaient la volonté de suivre une vie monastique de ceux qui cherchaient la stabilité et une vie décente. Ainsi s’ouvrirent de nombreux prieurés. Chez nous au lieu-dit « les Abbayes » par exemple. Il ne faut pas confondre avec le lieu-dit « les Petites Abbayes » vers Champrond, et qui dépendait de l’abbaye Notre Dame du Loir du Thieulin.
Les moines sont soumis à la règle de St Benoit dont la devise de l’Ordre est « ORA et LABORA » prière et travail. Aussi, partout où ils s’installent, ils défrichent, creusent des bassins pour la régulation de l’eau et accueillent les pauvres.
Dans notre village il y a d’abord la construction de l’Église des Yys en 1100 qui dessert l’abbaye de St Pons. Cette église sera transformée fin XIII -ème siècle elle aura pour premier curé dépendant de l’archidiocèse de Brou : son nom Heude. L’église des Corvées est plus tardive vers 1300 et le premier curé fut Guillaume en 1315.

LA NOBLESSE

Après le règne de Charlemagne de 980 à 1085, se développe la féodalité à l’origine de l’ordre de la noblesse. Hormis les comtes, les marquis et ducs sont apparus à l’époque carolingienne. Un mouvement prend forme: La Chevalerie. Le cheval est le symbole de la puissance. Dès la république romaine, un ordre équestre est l’apanage de l’élite, le reste du peuple était la plèbe.
En France, le cheval est un signe de réussite sociale. Il sert à la guerre mais aussi à la parade. A l’entrée du Thieulin, un hameau s’appelle la « Haquenée ». Ce nom désigne un cheval de parade pour une dame. Pour l’homme le cheval de parade est le « palefroi ».
Sous le règne de Charlemagne, il était interdit à un paysan possesseur de sa terre, d’ajouter le nom de celle-ci à son nom.
A la fin des carolingiens s’organise autour de la terre les titres nobiliaires empruntant, justement le nom de l’espace possédé.
Tout est organisé en hiérarchie bien précise. Le chevalier, après avoir été préparé religieusement, prête serment auprès de son seigneur par exemple un marquis pour un duc. Il devient son féal, il lui confie sa foi et ainsi de suite les liens remontent jusqu’au sommet : le roi. Il tisse donc la subordination de la base au sommet.

Fulbert, évêque de Chartres décrit très bien cette organisation de la noblesse. « L’obligation fondamentale du vassal est de ne rien faire qui puisse causer dommage au seigneur son suzerain, aussi bien dans son corps ses biens et son honneur ». Évidemment le suzerain apportera son secours au vassal s’il en a besoin.
Tout ceci à l’air parfait, mais très vite les conflits de territoire les envies de puissance engendreront des guerres locales que l’église par la « Trêve de dieu » essayera de calmer.
Dans notre village fleurissent les seigneuries. La première, la seigneurie de la Troche est donc la plus ancienne en 1259. S’en suivirent Joachim de la Ferrière, seigneur de St Lubin les Yys 1494 et Pierre des Yys, seigneur des Yys en 1499.
Jean Nicolas de Pleurs, seigneur des Corvées en 1630, acquiert la seigneurie du Theuil. Toutes ses petites seigneuries faisaient allégeance à leur suzerain qui sera par la suite la famille de Maximilien de Béthune, comte du Perche Duc de Sully, en son château de Villebon.
L’église des Yys avait dans son périmètre intérieur un « Litre », une bande noire portant les armes des seigneurs successifs. Elle fut martelée à la révolution. Sa restauration est une œuvre difficile.

Auteur M. Jean ANTOINE, corvésien.